45 - Déceptions langagières

Depuis que je suis toute petite, j'accorde beaucoup d'importance à la parole. Même quand elle n'est pas formellement donnée ni présentée comme sérieuse.
Par exemple, si mon fils casse quelque chose que je pense pouvoir réparer, je lui dis toujours que je vais tenter de le réparer - et non pas que je vais le réparer, des fois que j'échoue - et je tente effectivement de le réparer, le plus rapidement possible compte tenu de mes autres contraintes. Il me semblerait inconcevable de lui dire que je vais faire quelque chose et de ne pas le faire.
Pareillement, j'ai le plus grand mal à mentir. C'est l'une des raisons pour lesquelles je ne fais pas croire au Père Noël à mes enfants. De fait, je mens par omission, puisque j'évite tout simplement d'en parler, et que je ne dis rien quand son éducatrice ou les autres enfants en parlent - tout simplement, parce que, même si je ne veux pas leur mentir, je ne veux pas non plus qu'ils soient les petits malins qui font la leçon aux autres en leur disant que le Père Noël n'existe pas... Je passe donc le vieux bonhomme sous silence.
Malheureusement pour moi, j'ai tendance à penser que les gens sont comme moi et accordent autant d'importance à ce qu'ils disent.
Je me suis quand même habituée à ce quand mon conjoint dit, par exemple, «je vais faire une machine», ça ne veuille finalement dire que «il y a du lavage à faire» - c'est donc moi qui finis par m'en occuper dans le 3/4 des cas, puisqu'il a une sérieuse tendance à procrastiner et à oublier quand il s'agit des tâches ménagères. Au début, je pestais intérieurement contre ce que je considérais comme un manque de respect de sa parole. Maintenant, je ne lui en veux plus, même si je trouve tannant qu'il fasse semblant de vouloir se charger de quelque chose qu'il n'a pas probablement pas vraiment l'intention de faire...
Par contre, avec les autres, j'ai encore beaucoup de misère. Et je vis horriblement mal la parole donnée «en l'air». Et j'ai beau me répéter que les gens ne sont pas comme moi, que la plupart du temps, ils parlent sans réellement penser ce qu'ils disent, il suffit que je me rende compte qu'ils ont «menti» pour en éprouver une vive déception.
Le pire est sans doute que j'ai vraiment du mal à me dire que ce n'est pas grave, que les gens sont comme ça, que c'est moi qui suis une exception. Et pour peu que ce que les gens ont dit ait la moindre importance à mes yeux, le sentiment de déception, voire de trahison, devient vite accablant et je ne sais pas quoi faire pour réduire ma peine pour des choses qui semblent sans doute bénignes aux yeux du reste de l'humanité...

Commentaires

  1. Hum, je crois que j'arrive à mentir, au moins par omission. Mais je ne supporte toujours pas que mon époux "promette" des choses qu'il ne tiendra pas; j'ai toujours envie de mettre les gens en garde "attention, il ne le pense pas vraiment!"

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